Chaire Senghor de l’Université d’Ottawa
Ottawa, CANADA

Université d’Ottawa
120, Université
Ottawa, Ontario
Canada K1N 6N5
Sanni Yaya
Professeur titulaire

Sanni Yaya est Professeur titulaire, directeur et doyen associé de l’École de développement international et mondialisation à l’Université d’Ottawa. Pendant près de deux décennies, le professeur Sanni Yaya s’est illustré comme un chercheur prolifique à la vision humaniste qui s’est démarqué par son grand engagement et sa passion pour la recherche multidisciplinaire, en particulier dans le domaine du développement international, de l’économie de la santé et sur les enjeux touchant au financement de la santé dans les pays francophones en développement. Le palmarès de ses publications scientifiques est particulièrement éloquent : 22 ouvrages savants portent sa signature, tandis qu’il est auteur ou co-auteur de plus de 130 articles scientifiques sur ces sujets qui lui tiennent particulièrement à cœur et où il a fait œuvre de véritable pionnier. Le professeur Yaya est rédacteur en chef de la Collection Santé et Société aux Presses de l’Université d’Ottawa, rédacteur en chef de la Revue Reproductive Health et rédacteur en chef adjoint de la section économie de la santé auprès de la Revue britannique British Medical Journal Global Health. Il fût chercheur postdoctoral à l’Université Yale et chercheur invité à l’Université de New York (NYU) aux États-Unis. Il est présentement professeur invité à l’Université Oxford et a également été professeur invité à l’Université Harvard (Chan School of Pubic Health) et Johns Hopkins (Bloomberg School of Public Health). Le Pr Yaya est récipiendaire de plusieurs prix d’excellence en enseignement et en recherche et qualité de ses travaux et la forte reconnaissance internationale dont il jouit lui ont valu son admission comme membre de l’Académie des sciences sociales de la Société Royale du Canada.

Activités de formation :

A venir

Activités de recherche :

La Chaire Senghor de l’Université d’Ottawa prévoit centrer ses travaux sur la santé et le développement en Afrique Subsaharienne. La santé comme objectif de développement est une thématique très ancienne. Or, depuis 2000, la santé a peu à peu acquis le rang des grands défis mondiaux, comme en témoigne la conceptualisation de l’action internationale pour la santé à travers les notions de « santé mondiale » et de la santé comme bien public mondial. Des progrès impressionnants ont été réalisés sur de nombreux fronts, grâce à une série de programmes verticaux centrés sur les personnes et très ciblés, innovants et bénéficiant de fonds (comme l’Alliance mondiale pour la vaccination et l’immunisation, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, etc.). Grâce à ces programmes, le monde a ainsi connu des changements réels et de belles avancées dans de nombreux pays, particulièrement en ce qui concerne les personnes vivant avec le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme1.
Le rang élevé qu’occupe la santé dans l’échelle des priorités internationales semble devenu un aspect essentiel de la stratégie de développement des pays en Afrique Subsaharienne. Les objectifs de développement durables (ODD), officiellement lancés en 2015 et déployés pour les 10 prochaines années – du moins en théorie, incluent un objectif lié à la santé, avec plusieurs cibles liées à des maladies phares, à la nutrition ainsi qu’à d’autres déterminants sociaux de la santé. Toutefois, les enjeux traditionnels de santé qui ont contribué à la chute de l’espérance de vie à la naissance dans les pays en Afrique Subsaharienne sont loin d’être résolues. Cette région du monde accuse malheureusement un retard considérable selon plusieurs indicateurs2 et les changements opérés sont toujours insuffisants par rapport aux énormes enjeux de santé publique et de développement humain. Le contraste est encore plus flagrant lorsqu’on compare ces laborieux progrès aux réelles avancées accomplies par les pays d’Asie du Sud depuis les années 19603. Pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) en matière de santé d’ici 2030, il importe d’accélérer l’application de mesures innovantes et les progrès médicaux, en particulier dans les régions où la charge de morbidité et de mortalité maternelle et infantile est la plus élevée.

Les pays francophones (Niger, République Centrafricaine, Tchad, Burkina-Faso, etc.) de la Région africaine de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) affichent les pires indices de développement humain et se classent en bon mauvais élève de la classe, tant au niveau continental que mondial4. La mortalité maternelle y est encore extrêmement élevée ; les maladies transmissibles et les maladies tropicales négligées sont encore source de préoccupation et aucun pays n’a atteint ou n’est en bonne voie pour atteindre la cible qui vise à assurer à tous ceux qui en ont besoin, l’accès au traitement du VIH Sida. La tuberculose et le paludisme continuent de faire des ravages et les maladies non transmissibles ainsi que leurs facteurs de risque sont en nette augmentation.

C’est pourquoi la Chaire Senghor de l’Université d’Ottawa veut contribuer grâce à ses travaux, à alimenter les débats scientifiques sur les meilleures approches susceptibles d’aider à freiner l’évolution des courbes de décès des millions de femmes et des jeunes en enfants (un des objectifs des Nations Unies) en Afrique Subsaharienne francophone. Les faibles indicateurs transversaux de santé de ces pays sont trop souvent tributaires de l’insuffisance des ressources nationales et du caractère imprévisible des ressources extérieures, ainsi que de la faiblesse des systèmes de santé, tout particulièrement l’accès insuffisant à des services de soins par ailleurs de mauvaise qualité5. À cela, il faut ajouter des capacités humaines et institutionnelles limitées et la faible priorité accordée à la santé dans les politiques économiques. Dans cette francophonie, une course contre la montre se joue quotidiennement : les risques de décès pendant l’accouchement sont de 1 sur 13, contre 1 sur 4 100 dans les pays industrialisés et un enfant sur huit meure avant d’atteindre l’âge de cinq ans — soit à peu près 20 fois plus que la moyenne dans les régions développées qui est d’un sur 1676. Cette mortalité maternelle et infantile en Afrique représente une épidémie silencieuse, si silencieuse que son niveau est scandaleusement élevé alors que les solutions existent et dépendent moins d’injection massive de ressources financières que d’une volonté politique affirmée et de créativité institutionnelle. À travers ces enjeux, c’est l’avenir d’une part considérable de la francophonie qui se joue.

La Chaire souhaite donc contribuer à une meilleure compréhension des inégalités de santé maternelle et infantile en Afrique Subsaharienne francophone et considère que les stratégies destinées à réduire ces inégalités requièrent une intégration multidisciplinaire faisant une large place aux sciences sociales, en plus des disciplines traditionnelles de la santé publique et de l’épidémiologie. La Chaire travaillera à ouvrir de nouvelles avenues de réflexion en matière de réduction des inégalités de santé maternelle et infantile et au développement des connaissances scientifiques sur les déterminants sociaux de la santé et sur les approches de promotion de la santé maternelle et infantile, notamment auprès des populations vulnérables en milieu rural et péri-urbain du monde francophone d’Afrique Subsaharienne. Elle vise en outre à la formation d’une nouvelle génération de chercheurs qui sont en mesure de planifier et réaliser des projets de recherche avec et auprès des collectivités concernées, au soutien d’interventions visant l’amélioration de la qualité de vie des communautés locales et la réduction des inégalités sociales de santé en Afrique Subsaharienne francophone.

Grâce à ses activités, ses réflexions et ses actions, la Chaire espère contribuer à pallier une part du déficit de notoriété et l’absence de visibilité dont souffre trop souvent la Francophonie en santé mondiale (un champ trop largement dominé par les Anglo-Saxons), en menant des recherches qui seront d’une grande portée sociale pour l’ensemble de la Francophonie. Les questions de santé et de développement dans les pays d’Afrique subsaharienne francophone nous semblent profondément relever du social, en ce qu’elles sont inextricables des contextes de pauvreté, de guerres, de conflits armés et de leurs conséquences néfastes et parfois délétères sur les communautés. Outre son volet recherche, la Chaire compte également offrir un espace de dialogue et se veut un lieu de formation (sur diverses questions liées à la santé et au développement en Afrique Subsaharienne) et d’accueil pour les étudiants et les décideurs engagés de la francophonie politique dans les efforts pour l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) liés à la santé.

Autres activités :

Dans le cadre de sa stratégie d’internationalisation, l’Université d’Ottawa vise à sa présence ailleurs dans le monde et jouer un rôle de premier plan dans les grands débats contemporains. Tout au long de ses 170 années d’existence, elle affiche un solide bilan sur la scène internationale, grâce à sa communauté – étudiants, professeurs et membres du personnel – et les activités de la Chaire s’inscrivent dans cette orientation. Outre sa contribution pédagogique et ses activités courantes de diffusion scientifique et de débats publics, la Chaire s’engagera pleinement dans la mobilisation des connaissances par l’entremise d’un partage multidirectionnel : la recherche qui y sera menée a l’ambition de contribuer à une meilleure compréhension de certains défis de notre monde, mais la collectivité contribuera également aux travaux de la Chaire.

La Chaire Senghor organisera diverses activités scientifiques, en collaboration avec le Collège des chaires de recherche sur le monde francophone. Elle se veut un lieu d’échanges et de débats sur la santé et le développement en Afrique subsaharienne et surtout dans la francophonie, de façon à activer les solutions locales à divers enjeux. De nombreux participants viendront de l’ensemble de l’Afrique et de la communauté internationale, notamment des scientifiques, des praticiens et des militants ainsi que des dirigeants politiques, des membres du secteur privé et des médias. La Chaire favorisera également la mobilité des chercheurs et des étudiants, par l’entremise de la Chaire Mobilité francophone récemment crée à l’Université d’Ottawa et qui appuie la venue de chercheuses ou de chercheurs internationaux qui souhaitent y effectuer un séjour de recherche.

(1)Sanni Yaya. (2017). Risquer la mort pour donner la vie. Politiques et programmes de santé maternelle et infantile en Afrique. Québec : Les Presses de l’Université Laval, p. 48.
(2)Sanni Yaya and Ghose Bishwajit. (2019). “Global inequality in maternal healthcare service utilization: implications for sustainable development goals”. Health Equity, 3(1), https://doi.org/10.1089/heq.2018.0082.
(3)Programme des Nations Unies pour le développement (2017). Rapport sur le développement humain 2016 : Le développement humain pour tous. New York, pp-25-28.
(4)Programme des Nations Unies pour le développement (2018). Indices et indicateurs de développement humain 2018. Mise à jour statistique. New York, p-22-25.
(5)Sanni Yaya (2010). Les maux et les choses de la santé. Acteurs, pratiques et systèmes de santé dans le tiers-monde. Québec : Les Presses de l’Université Laval, pp. 1-8.
(6)Organisation mondiale de la Santé (2015). Tendances de la mortalité maternelle : 1990-2015. Estimations de l’OMS, l’UNICEF, l’UNFPA, le Groupe de la Banque mondiale et la Division de la population des Nations Unies. Genève, p. 2.