Hayat Kertaoui

Vice-Présidente, RICSF

Titulaire, Chaire Senghor de la Francophonie

Université Cadi Ayyad, Marrakech

20.9.1961-15.01.2021

Native de Casablanca, au Maroc, Hayat Kertaoui a fait toute sa carrière à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, où durant ces trois dernières décennies, elle est devenue presque malgré elle, une figure incontournable du département de langue et littérature françaises, coordonnant un master, dirigeant des thèses de doctorat, formant des générations d’étudiants, dont certains sont devenus par la suite, ses collègues à l’Université ou ses interlocuteurs, dans les diverses institutions culturelles ou éducatives du pays.

Cette brillante linguiste fut d’abord une passionnée de Chomsky, auquel elle consacra une thèse de doctorat à Paris VII avant de s’attacher pendant des années à l’enseignement de la grammaire générative.

Plus tard, ses cours et ses travaux sur la pragmatique et l’analyse du discours, centrés tant sur le français que l’arabe marocain ont considérablement enrichi et renouvelé l’approche en la matière. Tous les projets de recherche nombreux qu’elle a menés ou dirigés ou inspirés n’ont cessé d’interroger les interactions multiples entre les langues et les cultures.  Parmi ses contributions majeures, l’organisation de conférences internationales et la publication d’ouvrages sur l’apprentissage et l’enseignement du français en contextes plurilingues ou la participation à des projets d’envergure sur l’étude des usages et des représentations du français dans l’espace arabo-francophone.

Mais comme l’exigence intellectuelle n’est pas incompatible avec l’engagement mais au contraire qu’elle en est l’aiguillon, elle fut aussi un être de conviction, mettant à profit son talent et son sens aigu de l’analyse pour débusquer les préjugés là où ils se nichent, dans les détours de la langue, dans ses formules faciles et ses idées toutes faites. La littérature orale en ses multiples avatars, contes et proverbes, fut ainsi pour elle, un terrain d’observation privilégié pour donner à voir et à comprendre les violences faites aux femmes ou le rapport aux minorités.

C’est dire si la question des valeurs sous-tend le travail de tout linguiste chevronné et Hayat Kertaoui en était une… indéniablement.

 Il était donc dans l’ordre des choses que le parcours de cette chercheure engagée croise le Réseau des Chaires Senghor et s’inscrive dans son sillage. Elle en était devenue la vice-présidente après avoir accueilli les travaux de son assemblée générale, à Marrakech, en novembre 2018.

Le Réseau des Chaires Senghor, continuera certainement en son absence, à porter haut les valeurs de cette francophone convaincue… mais son sourire continuera longtemps à nous hanter.